Katrien DELAVIER

Katrien Delavier était originaire du Nord de la France, région très riche en traditions populaires, carrefour d’influences culturelles diverses a la croisée des frontière entre le Hainaut, de culture picarde, la Flandre, la France et la Belgique.

A l’âge de dix ans, elle découvre la musique d’Alan Stivell, alors au  « hit parade » , et décide d’apprendre la harpe. Elle entre donc au conservatoire, le seul endroit ou l’on enseigne cette instrument.
Plus tard, attiré par la musique traditionnelle , et plus particulièrement irlandaise, elle s’intéresse a la harpe dite celtique, a cordes en Nylon. Au début des années 1980, elle a l’occasion de s’intégrer à plusieurs groupes « folk » participant au « revival » musical de la région.

Introduction du CD « la harpe irlandaise »

 La harpe, instrument magique des bardes et des druides, est l’instrument mythique par excellence. De l’ancienne technique traditionnelle de la harpe irlandaise, perdue depuis le XVIII éme siècle, on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’elle était extraordinairement complexe et que les « harpeurs » jouaient avec les ongles sur des harpes a cordes métalliques. Les seuls éléments dont on soit sûr proviennent du travail de collectage réalisé par Edward BUTING lors du concours de harpe traditionnelle de BELFAST en 1792, en particulier sur la technique du harpiste Denis HEMPSON. Celui-ci, alors âgé de 90 ans, était le dernier harpiste irlandais à jouer encore sur cordes métalliques avec l’ancienne technique, dernières traces d’un âge d’or qui daterait du début du deuxième millénaire.

L’ancienne musique gaélique, interdite par les anglais, a disparu en tant que telle. Il reste encore les « sean-nos » (littéralement « chants dans le vieux style), et quelques livres de collectage, qui remontent au XVII siècle pour les plus anciens. Quand a   la danse populaire, on n’en trouverait aucune mention avant le XVIII é siècle.

Au XIXé siècle, avec le romantisme et le réveil de la conscience irlandaise, un regain d’intérêt s’est manifesté pour l’ancienne harpe, mais il s’est appliqué à un instrument complètement différent, dérivé de la grande harpe classique, a cordes de boyau très tendues. L’instrument, alors coupé de ses racines ,n’a pas suivi l’évolution de la musique comme les autres instruments traditionnelle. La harpe est restée surtout cantonnée dans un rôle d’accompagnement des chants, ou réservée aux mélodies  l’instrument et la technique employée ne permettaient plus ni les ornementations complexes , ni la rapidité d’exécution et le swing demandés par la danse.

Depuis l’esprit et la technique, comme l’instrument, proviennent de la musique classique (le problème s’est posé dans les mêmes termes pour les harpes anciennes du continent)

La harpe celtique a connu depuis quelques décennies une évolution importante, aussi bien musicale qu’au niveau de la lutherie, notamment l’utilisation de cordes en Nylon, moins tendues.

 Intéressé d’avantages par la musique de danse que par les mélodies romantique, il m’aura fallu plusieurs années de recherche et de remise en question, par rapport a ma formation classique, pour pouvoir résoudre les difficulté technique de l’adaptation de cette musique sur la harpe « celtique » , puis commencer les recherches sur l’ancienne technique de la harpe irlandaise à cordes métalliques.

Ce disque présente quelques facettes de ce travail.

Le répertoire joué ici est presque exclusivement composé de musique de danse, jusqu'à présent peu joué en tant que telle sur la harpe. Cette musique est de tradition orale, apprise soit directement d’un musicien a l’autre, lors des « sessions » concerts et rencontres, soit indirectement par l’intermédiaire d’enregistrement, depuis l’apparition des disques. Pour ceux qui savent lire la musique, les recueils de collectages constituent une troisième source de répertoire.

Mais, de même que les Irlandais ont toujours intégré et « irlandisé » les éléments extérieurs à leur culture, comme certains instruments de musique, le bouzouki par exemple : quelle que soit l’origine du répertoire, celui-ci doit être d’abord « dirigé » par le musicien qui le fait sien et le joue selon sa sensibilité propre. Je n’ai pas failli a la tradition et ne peux donc pas me souvenir de l’origine de tous les morceaux joués ici.